mercredi 17 juin 2009

Jour 8 : Trader Joe's

Je mérite une médaille. En m’endormant hier soir, j’ai accompli l’impensable. Une semaine à vivre dans West Hollywood au coin de la Sunset Strip, à 3 ou 4 pas de Melrose ave, à 6 ou 7 du Beverly Centre, à 2 miles de Rodeo Dr, à 20 minutes de route de la Third Street Promenade, et j’ai refoulé des pulsions belzébuthiennes, contrôlé l’incontrôlable, et résisté à la tentation du diable : magasiner. Je l’avoue, je me suis un peu emportée au buffet de mignardises pour Zack. Mais ça le rend tellement heureux. Bon, je vous vois venir avec votre concept de projection. Ça « nous » rend tellement heureux. Voilà. C’était ma petite tape dans le dos.

Ce matin, je n’ai qu’une chose en tête. Je prends mon portefeuille, mes clés et mes lunettes fumées, j’enfile mon sac en bandoulière, m’équipe de mon sac réutilisable Canadian Tire et… petite pause nostalgie en caressant doucement le sac noir sur lequel est inscrit « ce sac est vert »… je pars en quête de fromage. Je descends Palm ave jusqu’à Santa Monica blvd, traverse un lave-auto bondé de voitures luxueuses étincelantes et de petits Mexicains en sueur, tourne à gauche, et m’arrête. La bouche ouverte. Devant moi, pas Brad Pitt, pas Jack Nicholson, non, un large trottoir flanqué de palmiers. Un trottoir qui donne envie de tout vendre pour ne pas avoir à déménager. Un trottoir qui donne envie de trotter. Et je me remets à trotter. Les yeux écarquillés. Les petits commerces spécialisés me rappellent la rue Laurier. Je suis bien. Il fait beau. Je suis heureuse. C’est si beau. Je me sens vivre. Ne jamais sous-estimer le pouvoir d’un trottoir.

En promenant mon regard de gauche à droite, j’aperçois un groupe d’amis qui marchent à contre-sens, avec au bout de leurs bras ballants, des sacs réutilisables rouges. Les sacs portent l’inscription : Trader Joe’s. 1- les sacs témoignent de leur fidélité; 2- ils ont l’air contents… c’est bon signe.

Je m’attendais à une sorte de caverne d’Ali Baba de la taille d’un dépanneur où des merveilles culinaires sont entassées sur des tablettes poussiéreuses dans des allées où l’on doit jouer du coude pour arriver à se faufiler, mais l’endroit est vaste, immaculé, tout est cordé comme si Jack Nicholson dans son rôle de Melvin l’obsessionnel compulsif gérait la place et ça me donne envie de louer As good as it gets. Je déniche du beurre naturel d’arachides non blanchies, un sorbet de mangues, des fèves de soya, une trempette aux cœurs d’artichauts et fromage bleu et… parlant de fromage… DU FROMAGE! DU VRAI! Un comptoir rempli de fromages de partout dans le monde. Trois cohortes de clients entrent et sortent et je suis toujours là à lire toutes les histoires racontées sur les petits écriteaux décrivant la provenance de chaque fromage. Je n’ai pas choisi le mot « écriteaux » par hasard; les histoires sont écrites à la main. Je m’arrache enfin à ma transe pour me diriger vers les caisses. Visiblement, personne ne leur a appris à optimiser l’espace. On pourrait mettre un éléphant en file et il passerait inaperçu. On est loin de l’expertise du PA en la matière. Mais on respire, et on sort de là le sourire aux lèvres, détendus et impatients de préparer le souper. http://www.traderjoes.com/

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Objectif du jour : Trouver du fromage. Du vrai.

Fait saillant : J’ai envie de l’appeler « fait étrange » aujourd’hui. Ça concerne le comptoir réfrigéré où se trouve le lait chez Trader Joe’s. Le comptoir fait tout le mur, mais sur à peu près deux mètres, il n’a pas de fond. Entre le dessous des tablettes et le dessus des bouteilles, on peut distinguer les employés de l’épicerie qui rigolent. J’imagine qu’ils ne rigolent pas tout le temps, mais s’ils rigolent, on peut les voir. Même s’ils ne rigolent pas d’ailleurs. Ce n’est pas la place pour se couper les ongles d’orteils.

Pensée du jour : « J’ai du bon fromage au lait, il est du pays de celui qui l’a fait. Fromage, fromage, fromage… http://www.youtube.com/watch?v=jphSeMsyGXo »

1 commentaire:

Annick a dit…

love this one!