mercredi 18 novembre 2009

Jour quelque chose : le résumé-fleuve

Je repassais à travers mes notes ce matin, et j’ai réalisé qu’il manque quelques épisodes marquants à mon récit. Comme celui où j’ai joué à GTA toute la journée. Ou celui où je me suis cassé un ongle en ouvrant une porte d’armoire. Ou encore cet autre où j’ai passé 1 heure et la moitié d’un sac de mignardises à essayer d’apprendre à mon chien à faire le beau. Il était ben beau, mais mozusse qu’il comprend rien. Là vous vous dites « wow, quelle vie trépidante, je veux en savoir plus! »… J’ai donc pris la décision de me servir un deuxième café (ouf, dure décision!) et de me lancer. Prenez votre souffle, je suis le Petit Castor. Une fois que je suis lancée… rien ne peut m’arrêter. 

5 juillet. Assise sur un bol de toilette, un peu crispée, j’essaie de faire le vide, de me relâcher. Ce n’est qu’ainsi qu’on obtient des résultats. J’essuie mon… front (je parle de golf ici, là, quand même) et m’enligne sur les palmiers à gauche du terrain.

- What are you doing? You’re going to the left!
- The bushes are to the right; I’m going to the left.

Je frappe. La balle s’élance vers la gauche, mes bras s’élancent dans les airs. J’ai vaincu mon pire ennemi, le trou numéro 4 et sa haie magnétique, et je suis soulagée.

6 juillet. Mon téléphone sonne. C’est la dame de la maison sur Martha, à 4 portes de chez Nima. Vous vous rappelez? Trois chambres, piscine, dans la Vallée alias le Four… Eh bien, elle m’annonce que la maison est à nouveau disponible. Les locataires éventuels se sont désistés. C’est le destin. Je suis aussi paquet de nerfs que mon chien devant un livreur de pizza. Ou que mon chien tout court en fait… il est pas mal tout le temps énervé.

17 h. On est postés devant la maison en attendant Nima... qui gare sa voiture. À 4 portes de chez lui, j’ai dit. Oh! Qu’il ne s’en est pas tiré indemne. « How was the ride, Nima? Not too much traffic? mmppff! »

On entre. C’est sombre. Peu de fenêtres. La salle à manger est un chantier. Un tremblement de terre a fait bouger des poutres. La salle de bains est d’une inspirante couleur vomi. Un bris de tuyau a inondé le dog run. Je vous épargne la suite de la liste. L’agente fait tout pour nous rassurer. « The owner is going to fix this, and this, and that, and this and that, and he’s booked someone for this and that and I can ask him for this and that too if you’d like. » Ça pue le mensonge, le désespoir et la décrépitude. On tombe de notre nuage. De toute façon, on est toujours en lice pour la maison de Laurel Canyon. Vous voyez laquelle? Celle avec le grand balcon en bois inspirant à l’avant, dans la montagne… on croise nos doigts. Et on salue Nima au volant de sa voiture, qui s’arrête pour nous demander : « You want me to call you when I get home, just to make sure I got home safe? » (mmppff!)

7 juillet. Si je veux me remettre à travailler un jour, ça va me prendre mon Social Security Number. Selon Google map, j’en ai pour 1 heure 8 minutes de marche jusqu’à la Social Security Administration. Mais comme je suis en super forme et que j’ai de grandes jambes, pour moi, ça veut dire 40 minutes gros max. Sure. C’est là que j’ai compris l’importance de ne plus remettre à trop loin l’obtention de mon permis de conduire. Au Belzébuth la règle numéro 1, je ne suis plus à Montréal…

L'espace de deux coins de rue, je me retrouve au coeur du quartier le plus trash de North Hollywood. Que des gangs postées le long des murs d’entrepôts, les poches bourrées d’armes et de stupéfiants, c’est évident. On est à LA, faut pas oublier. J’adopte ma meilleure défense, la démarche tomboy. Les jambes un peu écartées à la « j’en ai une grosse », les bras éloignés du corps à la « j’ai des gros biceps », déhanchement absent, la mâchoire inférieure légèrement protubérante, à la Sylvester Stallone. Je suis une armoire. À glace. Mieux, une armoire à linge. Bourrée comme la mienne, ça fait peur. Personne ne va oser m’approcher. J’ai le cœur qui se débat, l’adrénaline dans le derrière, mais rien n’y paraît. Je franchis la porte de la Social Security Administration indemne, 1 heure 8 minutes plus tard. C’est précis, Google map. En sortant, je me remets à marcher à la recherche d’un taxi. Je suis rentrée chez moi 1 heure 20 minutes plus tard, le gros orteil au vif et le dos en compote. En super forme la vieille. 1 heure 20 minutes de marche et pas un taxi. C’est la pure vérité vraie. Est-ce que je vous l’ai dit, que ça prend une voiture, à LA? La bonne nouvelle de la journée : on a reçu une réponse positive pour la maison de Laurel Canyon et on a rendez-vous samedi pour signer le bail. On emménage le 15 juillet.

8 juillet. La tomboy récupère.

9 juillet. Magasinage de voitures en ligne.

10 juillet. Tentative d’étude pour examen de conduite qui s’est transformée en séance de bronzage sur le bord de la piscine. Dans mon dictionnaire, « étudier à Los Angeles » n’est pas une cooccurrence possible. Méfiez-vous si vos enfants vous demandent un jour d’aller « étudier » à Los Angeles. Vous êtes prévenus.

11 juillet. Nizar négocie. Le vendeur, le visage écarlate, s’arrache les poils du nez. Que voulez-vous, il n’a pas de cheveux. Je regarde les taches sur le tapis. Mais une vente reste une vente, particulièrement en temps de crise, et on me remet non sans broncher les clés de ma nouvelle voiture. Yé!... Ça fait deux voitures à ramener, mais un seul conducteur. Pas que je ne sais pas conduire, mais tant que je n’ai pas mon permis californien, je suis expressément exclue des assurances. Nizar insiste. « Il n’arrivera rien ». J’insiste. « Je ne suis pas assurée ». Il renchérit. « Il n’arrivera rien. » Je renchéris. « Tout à coup. » On s’obstine. Je ne veux pas. On s’obstine. Je suis tentée. On s’obstine. Je flanche.

Je l’ai fait. Et non, je n’ai pas inondé de bibliothèque en frappant une borne fontaine, papa. J’appelle la planète, tout fière d’avoir osé l’illégalité. C’est bien moi, ça. M’exciter pour pas grand-chose.

12 juillet. Je suis chez le Car Rental Dealer. Ça me prend une voiture sur laquelle je suis assurée pour me rendre à la DMV passer mes examens de conduite. La seule qu’il a de disponible est une minifourgonnette. Je vais passer mon permis de conduire au volant d’une minifourgonnette. Je trouve ça ben drôle.

13 juillet. Je me rends à la DMV de North Hollywood passer mon examen de conduite écrit. Je m’en retourne bredouille, elle est fermée pour rénovations. Je dois me rendre à celle de Glendale. Pour vous situer un peu, elle se trouve quelque part entre les Mouc-Mouc islands et Saint-Clin-Clin-of-the-Meus-Meus. Ça fourmille de monde. Rien à voir avec la SAAQ. Imaginez un marché aux puces, avec des comptoirs chiffrés au lieu des boutiques, et des chaises un peu partout dans les allées. Ça me prend un moment pour m’orienter et comprendre le fonctionnement. Je fais une première file pour m’enregistrer. Je remplis un formulaire accroupie sur une table pas de chaises en me faisant tapoter les fesses par tous les sacs de l’univers qui essaient de se faufiler vers la sortie sur l’épaule d’autres moutons. Je me trouve une allée avec une chaise de libre pour poireauter en attendant qu’on appelle mon numéro. Vingt-cinq minutes plus tard, je suis postée devant un comptoir. Une dame prend mon formulaire, le rentre dans le système, me demande 25 $, me remet une feuille avec mes renseignements et me redirige vers un autre troupeau en attente de se faire marquer au fer. C’est long. J’ai mal dans le dos. Je finis par me retrouver face à l’objectif. Je m’attends à ce qu’elle me dise quand sourire, mais non. Me voilà avec une belle photo de passeport. Et je vais rejoindre un autre troupeau, cette fois pour passer à l’abattoir. C’est long, incroyablement long. On finit par nous déplacer dans une autre salle où je peux enfin asseoir mon popotin sur une petite chaise en bois raide pour passer mon examen. Les tests sont corrigés sur place. Parmi ceux qui terminent avant moi, trois échouent. Je vois ça du coin de l’œil pendant que je noircis les cases. Vient mon tour. 100 %. Merci, merci. Je vais pouvoir passer mon examen derrière le volant après-demain.

Après-demain. 9 h 20. J’aurais pu me lever, aller passer mon examen et rentrer. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué…

Je me lève prise de panique. Tout à coup que je ne peux pas passer mon test de conduite cet après-midi comme prévu parce que je n’ai pas de preuve d’assurance du concessionnaire? J’ai loué avec ma carte de crédit et suis automatiquement assurée, mais est-ce que la DMV accepte ça? J’appelle. On me répond que c’est « inacceptable » (ils y vont un peu fort sur le choix des mots, j’arrive pas à bicyclette quand même) et que la seule assurance acceptée est celle du concessionnaire où j’ai loué la voiture. Bordel. Mon rendez-vous est à 14 h, et ce n’est pas la porte d’à côté. J’appelle le concessionnaire. Il me dit qu’il ne peut ajouter l’assurance au contrat existant, qu’il doit mettre fin au contrat et m’en faire un nouveau, sauf qu’il ne peut pas me garantir que je pourrai garder ma minifourgonnette et il n’a pas d’autres voitures en ce moment. Pardon? J’ai normalement la voiture jusqu’à demain matin, monsieur. Vous allez mettre fin à mon contrat actuel et m’en faire un nouveau jusqu’à demain qui inclut l’assurance, pour la même voiture. Capiche? Je passe mon examen de conduite dans quelques heures, monsieur (comme si c’était la fin du monde). Je ne vais pas le passer avec une voiture que je ne connais pas certain! Je vais freiner pis décoller trop sec, l’instructeur va se retrouver le front dans le pare-brise, ils vont me demander où sont les commandes de ci et de ça et je ne saurai plus, non, non, non, pas question. Il me dit de passer et qu’il va m’organiser quelque chose. Mais je dois me grouiller pour me rendre avant 10 h du mat, sinon il va me charger pour la journée. J’ai 15 minutes pour faire le plein et me rendre.

J’arrive à 10 h 02, paquet de nerfs. Il me trouve bien rigolote et se permet de me dire de me calmer sinon je ne passerai pas mon test c’est sûr. Gros con. Alors je me permets de lui faire la remarque que son pare-brise est tout crotté. En fait, c’est un peu ma faute, je testais les commandes et quand j’ai parti les essuie-glaces, ça a tout beurré. Je lui demande pourquoi ils ne louent pas des voitures avec du lave-glace. Il me répond qu’il ne pleut pas. Ah... ... ... Et si un oiseau fait ses affaires sur mon pare-brise? Hein? Je fais quoi pas de lave-glace? Je m’en vais passer mon examen de conduite dans quelques heures, moi, monsieur, (rendue là, je shakais de partout) et ils vont m’empêcher de le passer si mon pare-brise est sale!

Il a lavé mon pare-brise à la main. Il était quand même gentil au final. Bref, me revoilà sur la route à bord d’une minifourgonnette impec, les papiers d’assurance en main. Maintenant, bien entendu, je ne peux pas me rendre à la DMV conduire dans les environs pour me familiariser avec le coin avant de passer mon examen, non, parce que Nizar est parti avec mon passeport et ma Work authorization card ce matin, et j’en ai besoin pour m’identifier à la DMV. Direction bureau de Nizar à Burbank. Bien entendu, je n’ai toujours rien mangé parce que je suis trop à la course. Il est maintenant pas loin de midi et mon test est à 14 h. De là, j’en ai pour 30 minutes jusqu’à Glendale. Je mangerai une fois rendue. Je prends l’autoroute 5 comme Google map me dit. Je sors où je suis supposée sortir, mais je ne vois jamais la rue sur laquelle je dois tourner. Je me dis que LA est comme Montréal, un grand papier quadrillé, que je vais finir par me retrouver, et qu’après tout, ça me permet de me familiariser avec le coin… un long, très long moment plus tard, qu’est-ce que j’aperçois à ma droite? Pas Brad Pitt, pas Jack Nicholson, ni Tommy Lee Jones d’ailleurs, non, mais le bureau de Nizar! J’ai trouvé le tour de revenir à mon point de départ sans reprendre l’autoroute! C’est le boutte de la marde, comme on dit très élégamment. Il me reste 50 minutes pour reprendre l’autoroute, trouver le bon chemin et m’enregistrer avant 14 h, l’heure fatidique. J’arrive dans le stationnement à 13 h 42. Pas une seule place de libre, évidemment, et 8524 voitures à la chasse. Je tourne en rond pendant 10 minutes et décide d’aller me garer plus loin, dans une petite rue. Le pire stationnement parallèle de ma vie. Je suis garée tout croche, les roues bien trop loin du trottoir, mais je n’ai pas le temps de me reprendre. De toute façon, l’inspecteur ne viendra jamais chercher ma voiture avec moi… sur cette pensée, j’avoue que j’ai imploré mes disparus.

Je cours maintenant comme une poule pas de tête vers le comptoir des examens derrière le volant. Noooon, mais dis-moi pas que c’est pas vrai! Mon examen est dans 5 minutes et il y a 3222 personnes en file! Je cherche l’heure d’examen sur la convocation des gens autour de moi… Ok, je ne suis pas la seule. Reste plus qu’à attendre comme tout le monde, et surtout, à me calmer. Et j’essaie de me raisonner. « Ce sont tous des jeunes qui passent leur permis pour la première fois. Ça fait onze ans que tu conduis. Veux-tu bien me dire pourquoi t’es stressée? » Et je me comprends, je sais que je n’ai rien à craindre, que je vais le passer haut la main, mais mon corps, lui, il n’en a rien à cirer. Je sens toujours tout mon intérieur rongé par le stress. Que voulez-vous, je suis mal faite de même. Je finis par m’enregistrer 25 douloureuses minutes plus tard, et on m’appelle à 14 h 45. Je vais chercher ma voiture et la gare en file. C’est le paradis de la perte de temps, la DMV. 1310 voitures devant moi. Il fait 8444 degrés, je sue à grosse gouttes, je suis complètement déshydratée et j’ai faim. J’espère juste ne pas mourir. Le point positif? Je suis tellement à l’article de la mort que je n’ai même plus l’énergie de stresser… enfin! Les inspecteurs des voitures voisines semblent hyper sympathiques. Mais bien sûr, pour faire changement, je me retrouve avec la plus grosse air bête de la planète et un « left flasher! » en guise de bonjour. Vingt minutes plus tard, je gare la voiture dans le stationnement de la DMV. Je me retourne vers mon air bête, et elle me dit simplement « you passed ». That’s it. C’est fait. Je sors de la voiture, le sourire aux lèvres, quand j’aperçois une fille à côté en larmes dans les bras de sa mère. Je fais ma poker face par respect, et je vais me remettre à sourire dans une énième file pour qu’on me donne ma liberté.

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Objectif du jour : Vous mettre à jour.

Fait saillant : Encore quelques épisodes à vous raconter et je serai à jour.

Pensée du jour : « Et vous qui croyiez que j’allais passer mes journées sur la plage! »

samedi 14 novembre 2009

Jour Jessépasplussecombien : The Man in Black


C’est fabuleux. Ça fera un an demain qu’on est mariés. Quoi de plus approprié que Koi, le resto le plus fabuleux de LA pour célébrer. On commande une foule de petits plats à partager. On mange, on s’extasie, on mange, on s’extasie de plus belle, je ressasse l’histoire des bisons, on mange, on boit, la vie est belle, on s’aime. On paye, on sort, on remet notre petit coupon au valet et on se poste sur le trottoir en attendant notre voiture. On dirait un concours de qui a la plus belle voiture. Une corvette jaune poussin arrive. Un jeune homme accompagné d’une jeune femme les bras remplis de roses qu’une vieille dame vient de leur vendre sur le trottoir prennent place à bord. Puis vient une Lincoln. Puis une Rolls Royce. Je placote, mon chum n’écoute plus. Soudain, il prononce ces mots :

- C’est pas un vieux pervers à côté?

Je me retourne… juste à côté de moi, un vieux tripote la croupe d’une poufiasse.

- Elle a l’air ferme et elle a de beaux cheveux, mais ça veut pas dire qu’elle a pas le visage tout ridé…

Je continue de placoter. Mon chum n’écoute pas plus. Soudain, il prononce ces mots :

- C’est pas Tommy Lee Jones?

Je me retourne… c’est pas Brad Pitt… pas Jack Nicholson, non, mais c’est bel et bien TOMMY LEE JONES!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! TOMMY LEE JONES PUTAIN DE BORDEL DE MERDE! À 1 PIED TROIS POUCES DE MON ÉPAULE GAUCHE!!!!!!!!

Je suis tellement excitée que je ne trouve rien de mieux à faire que de sacrer une de ces bines à mon chum. Je me retourne. C’est vraiment lui. Et une autre bine. De sacrés bines. Je suis drôlement fière de lui. Lui qui a vu mille vedettes depuis qu’il est déménagé mais impossible de dire lesquelles! Il l’a reconnu à ces cicatrices, qu’il dit. « Il a le visage aussi magané dans la vie que dans ses films » qu’il dit. Et je confirme.

Je m’approche… un peu pompette… et demande :

- Excuse me… do you know me? Cause I think I know you from somewhere…

Ben non. Bien trop occupée à sacrer des bines et à étrangler mon chum pour le beau post qu’il vient de m’offrir! Tommy Lee Jones a eu le temps de faire monter sa jeune conquête d’à peine 20 ans dans sa Rolls Royce avant que je ne puisse me lancer dans quelque délire que ce soit… mais quand même.
« Le vieux pervers ». Malade. I love my husband. I love LA.

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Objectif du jour : Manger léger pour laisser toute la place aux petits plats « Signature Koi ».

Fait saillant : Tommy Lee Jones… à un pied trois pouces de mon épaule gauche!!

Pensée du jour : « Oh, oh… Une petite recherche sur Wikipedia me révèle que Tommy Lee Jones est marié à Dawn Laurel depuis 2001… et elle n’a pas la silhouette de la jeune conquête qui l’accompagnait hier soir… potins, potins! »